Plus de 300 pages de science-fiction, publiées sous le pseudonyme de Mathilde Ysivar.
Le pitch en quelques mots :
« Spin et Zaland sont deux sœurs qui se font passer pour des hommes dans un futur où la quasi-totalité des femmes ont disparu. Malgré leurs précautions, Zaland est capturée et est emmenée au Harem, une prison dorée où un mystérieux prophète nommé Darwin cherche à sauver l’espèce humaine de l’extinction. Spin, le garçon manqué, réussira-t-il à libérer sa sœur ? »
L’Interview de Mathilde :
De la science-fiction ?!
Ah oui… c’est un roman de science-fiction, mais avant de partir en courant, sachez que la SF est un genre extrêmement varié, qui ne se résume pas à des aventures spatiales ou des théories scientifiques ardues exposées à travers de la fiction. Pour moi, c’est avant tout une littérature conjecturelle, des histoires qui partent toutes d’une hypothèse « Et si… ? » puis en déroulent les conséquences pour nous encourager à nous interroger sur notre monde contemporain – oui ! je dis bien contemporain : aujourd’hui !
Faut-il accepter l’extinction de l’espèce humaine ?
Un début d’idée me trottait déjà dans la tête depuis des années, comme le souvenir diffus d’un rêve, des bribes d’images assez fortes pour s’ancrer dans ma mémoire. Je ne savais pas quoi en faire alors elles sont restées là à mûrir pendant dix ans.
Jusqu’à ma lecture d’Extinctions de Charles Frankel qui d’un côté, m’a ouvert les yeux sur la crise écologique que nous traversons, et de l’autre a provoqué un déclic : les pièces du puzzle ont commencé à s’emboîter.
Bien sûr, j’étais déjà sensible aux préoccupations écologiques, au réchauffement climatique, à l’extinction des espèces… comme tout le monde. Cependant, cet essai scientifique, particulièrement bien documenté et clair, m’a vraiment captivée. L’auteur y décrit les différentes extinctions massives d’espèces ayant eu lieu dans l’histoire de la Terre pour les comparer à celle que nous vivons aujourd’hui et qui aurait été provoquée par l’homme.
J’ai complété ensuite cette lecture par La 6e extinction d’Elizabeth Kolbert – bon travail de vulgarisation facile à lire, Prix Pulitzer de l’essai 2015 – et de nombreux ouvrages sur les théories de Darwin, avec un détour par Les racines du ciel de Romain Gary que je vous recommande fortement.
Avec le recul de ces millions d’années d’histoire d’extinctions d’espèces et les milliers d’espèces classées en voie de disparition actuellement, je n’ai pas pu m’empêcher de me demander : quid d’Homo sapiens ? A quoi ressemblera la société des hommes lorsqu’ils se sauront en train de disparaître ? Ce qui m’intéressait n’était pas une énième ambiance post-apocalyptique façon La Route de Cormac McCarthy ou Station Eleven d’Emily St John Mandel – par ailleurs excellents romans tous deux –, mais l’organisation d’une société en décadence lente – on s’entend, lente par rapport à une apocalypse biblique – , d’une micro-communauté comme en suspension dans le temps et l’espace, consciente d’être les derniers individus d’une espèce.
Faisons un parallèle un peu extrême pour vous aider à comprendre. Les orang-outangs, comme la majorité des grands singes, sont en voie de disparition. Cela prend du temps. Ils n’ont pas été tous décimés par une catastrophe ponctuelle et rapide. Immergeons-nous dans une communauté d’orang-outangs de Bornéo vivant encore en liberté, et imaginons qu’ils aient conscience que leur arrêt de mort en tant qu’espèce est signé : ils savent que dans quelques générations, ils n’existeront plus. Comment se comporteraient-ils ? Jusqu’à quels extrêmes seraient-ils prêts à aller pour sauver leur espèce ?
Voilà. Ce sont les conditions dans lesquelles j’ai voulu imaginer la communauté d’humains du Croissant fertile décrite dans mon livre. Avec en toile de fond cette question – que je n’ai pas tranchée – : ne serait-il pas plus sage d’accepter avec philosophie l’extinction de l’espèce humaine plutôt que de se démener pour l’empêcher, au point de perdre ce qui fait de nous des hommes et des femmes ?
Nous ne sommes pas encore en voie de disparition. Nous avons conscience qu’une transformation de notre environnement est en cours, sans pour autant nous mettre d’accord sur notre part de responsabilité. Nous nous faisons des films sur des scénarios catastrophes dans lesquels la survie serait une préoccupation de chaque jour. Oui, nous y pensons déjà un peu en frémissant. Mais si l’agonie était longue ? Si cette évidence qu’est Homo sapiens comme sommet de la pyramide du progrès était remise en cause ? Entre nous et les mammouths, il n’y aurait qu’une différence : c’est que nous aurions conscience de cette lente décadence.
Femme ou Homme : cela a-t-il vraiment une importance ?
On en vient à la seconde question que je souhaitais poser avec ce roman.
La réaction de la communauté imaginaire du Croissant fertile à son extinction prochaine a été de s’organiser autour de la reproduction, en optimisant la productivité des quelques individus de sexe féminin qu’il reste. Les femmes sont réduites à ce qui est finalement leur seule vraie différence avec les hommes : leur fonction reproductive, gestationnelle.
Rien de nouveau, me direz-vous, avec la récente renaissance aux yeux du public de La Servante écarlate de Margaret Atwood. Oui, et je n’aurais jamais osé marcher sur les platebandes de cette écrivaine ô combien plus accomplie. Cependant, il m’a semblé qu’Atwood avait traité le sujet plus sous un angle politique, dans la lignée de 1984d’Orwell. Je voulais y réfléchir sous l’angle de la psychologie, à l’échelle des individus.
J’ai donc mis en scène deux personnages, deux sœurs se faisant passer pour des hommes, et ayant chacune un rapport différent à leur féminité. L’une se sent vraiment femme et s’épanouira dans l’environnement du Harem où les femmes sont rassemblées ; l’autre, « garçon manqué » – mais l’expression devrait être à bannir -, vivra comme une torture le fait qu’on lui impose sa féminité biologique.
Avec ce scénario, j’ai souhaité exprimer un agacement profond : pourquoi, encore aujourd’hui, ramène-t-on tant de choses au fait d’être homme ou femme ? Pourquoi cette information purement biologique est-elle encore considérée comme fondamentale ? Allons même plus loin : puisqu’hommes et femmes ont les mêmes droits en France, pourquoi y a-t-il encore besoin de préciser cette distinction dans notre état civil ? Et pourquoi cela choque-t-il aussi peu de gens ? Cela ne vous choquerait-il pas si votre état civil précisait si vous étiez blanc, noir, métis etc. ?
La question du genre par rapport au sexe biologique a déjà longuement été débattue et je ne suis pas une spécialiste, j’ai simplement voulu l’introduire dans mon roman comme un coup de gueule. Qu’est-ce que ça veut dire être un homme ou une femme ? La distinction est-elle vraiment si fondamentale pour définir notre identité ? Là encore, je n’ai pas de réponse, je ne fais que poser les questions…
Et ensuite ?
Je vous donne rendez-vous sur ma page Facebook d’écrivain « Mathilde Ysivar – Guilde des apprentis écriverons ». Vous pourrez à la fois y suivre mes pérégrinations et collecter tout un tas de conseils pour vous aussi vous mettre à l’écriture et vaincre la Résistance.
Plusieurs possibilités pour vous procurer Homo sexus :
Dans toutes les bonnes libraires
https://www.parislibrairies.fr/livre/9791026231721-homo-sexus-mathilde-ysivar/
https://www.amazon.fr/Homo-Sexus-Mathilde-Ysivar/dp/B07QN8P382